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Le colloque organisé par Novachim à Marseille sur les biocarburants démontre que la région peut profiter de leur essor si les acteurs réussissent à s'organiser.
"Les biocarburants peuvent jouer un rôle utile dans la transition énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais même en croissance, leur part restera relativement petite par rapport à l'ensemble des énergies qui pourvoiront aux besoins à l'horizon 2030" explique Bruno Jarry. Le président de la commission biotechnologies de l'Académie des Technologies ouvrait le colloque organisé le 31 mars à l'Ecole Centrale Marseille par Novachim (CRITT Chimie & Matériaux) pour évaluer l'intérêt et les perspectives du développement d'une filière en Provence. Si l'expert soutient qu'en France, contrairement à des accusations portées ailleurs, "les biocarburants ne tuent pas la production alimentaire", il a souligné une difficulté susceptible d'impacter leur essor : "Le biodiesel devient rentable quand le baril de pétrole est à 80 dollars. Or, il est à 35 dollars".
Une offre à structurer
Malgré ce contexte, Total reconvertit sa raffinerie de la Mède en bioraffinerie pour pérenniser sa présence autour de l'étang de Berre. "Nous repositionnons l'unité sur un marché porteur tout en préservant nos synergies avec Naphtachimie. Nous voulons aussi développer nos relations avec les acteurs de la chimie verte dans la région" confie François Bourrasse, le directeur. La matière première pour produire 500 000 tonnes par an proviendra d'huiles végétales mais aussi d'huiles usagées. "Les applications sont multiples mais le marché est pour l'heure morcelé" reconnaît le directeur pour qui sa structuration reste un défi à relever. "Nous travaillons avec la DREAL pour réincorporer ces huiles dans notre process comme des matières valorisables et non comme des déchets. Nous avons une écoute bienveillante" précise-t-il. A Fos, Lyondell Chimie France (LyondellBasell) fabrique de l'ETBE. "La production d'ETBE a permis à la France de développer plus rapidement et massivement qu'ailleurs en Europe les biocarburants dans les essences. Nous avons l'intention de le développer encore à l'avenir" a affirmé Philippe Voisin, manager "process technology". Pour Patricia Guiraudie directrice de Novachim et du groupe de travail BioRafMed, le pôle a travaillé dès 2013 sur les conditions de mise en place d'une filière, cartographiant les ressources, les technologies, les industries, les compétences... "Nous sommes au prologue d'une histoire à construire. Il faut maintenant élaborer une offre de marketing territorial" conseille-t-elle, tout en admettant que le projet de centrale biomasse d'Uniper à Gardanne chamboule la donne en consommant une partie de la ressource disponible.
Jean-Christophe Barla
oolive