Après une fringale de lancement de centres commerciaux à Marseille avec plus de 200 000 m2 programmés (Terrasses du Port, Voutes de la Major, Docks, stade Vélodrome, rénovation de Bonneveine, du centre Bourse et de la Valentine), le bilan s’annonce contrasté pour le commerce de centre-ville de la cité phocéenne.
Si ces ouvertures de grands temples de la consommation ont connu un réel succès au moins en matière de notoriété et qu’ils ont contribué à renforcer l’attractivité de Marseille, les commerces du centre-ville ont en revanche souffert dans l’ensemble en n’arrivant pas à s’adapter à cette nouvelle donne. Nombre d’enseignes ont même choisi de plier bagage comme Nike, d’autres sont en difficulté, plusieurs ont fermé boutique. Forte de ce constat, la Ville aurait donc décidé de faire une pause en gelant les permis de construire. Le projet encore en friche de bleu Capelette ne verra donc pas le jour. L’objectif fixé par la municipalité de freiner l’évasion commerciale semble quoi qu’il en soit atteint en partie avec plus de 800 millions d’euros supplémentaires dépensés chaque année à Marseille dont 250 millions dans le centre-ville, selon Solange Biaggi, l’élue du commerce. La requalification de la rue de Rome avec le tramway et d’autres projets concernant la rue Paradis devraient contribuer à cet élan. Pour autant, les représentants des commerçants réclament une vraie vision d’ensemble, un schéma global qui semble faire défaut. Une stratégie de marketing serait donc la bienvenue. Si opposer centres commerciaux et commerces de proximité n’a pas de sens, imaginer une réelle complémentarité entre les offres pourrait en revanche redynamiser le centre-ville. Plus facile à écrire qu’à réaliser.
Une zone franche pour l’hyper-centre ?
Johan Bencivenga, président de l’Upe13, lance donc l’idée de la création d’une zone franche dans l’hyper centre de Marseille pour les commerçants. « Une pareille opération serait de nature à créer une vraie dynamique territoriale en créant une marque ou un label propre qui serait source d’attractivité, à l’instar de ce qui existe à Toulon et qui donne des résultats très tangibles depuis plusieurs années.» Pour Jean-Luc Gosse, président de Terre de Commerce qui fédère la majorité des associations de commerçants des Bouches-du-Rhône : « Ce dispositif rétablirait l’équilibre et diminuerait les distorsions de concurrence avec des enseignes qui disposent de moyens importants à condition que ce soient bien des commerces indépendants non affiliés à des centrales d’achat qui en soient bénéficiaires et que le projet puisse aussi être étendu dans le département». Quoi qu’il en soit les derniers résultats des soldes d’hiver confirment l’essoufflement du commerce traditionnel. Les chiffres publiés pour un périmètre plus large que le centre-ville de Marseille par la Chambre de commerce n’ont rien d’enthousiasmant. Le panier moyen serait en augmentation de 4 euros pendant les soldes, pas de quoi compenser la baisse globale de fréquentation annuelle. Le concept de soldes a par ailleurs un peu de plomb dans l’aile. Malgré une période savamment définie, les articles dégriffés ou au rabais, les ventes privées, ou en ligne à prix cassés et autres bons de réductions fleurissent toute l’année. On est loin de la folie du black friday des américains qui d’année en année devient un véritable phénomène de société. Bref, le commerce de centre-ville, ce n’est pas nouveau, a besoin de se réinventer. La plupart des grandes métropoles attractives bénéficient d’un centre-ville vivant et animé. Marseille devra tôt ou tard combler ce retard pour jouer dans la cour des grands.
Thierry Debaille
oolive