France Digitale, porte-voix des jeunes pousses numériques

Tenu à Aix-en-Provence avec "Shake" pour le e-commerce, le France Digitale Tour a recueilli les désirs des entrepreneurs du numérique pour faciliter leur développement. En cette semaine de grèves multiples, leurs attentes ne manquent pas de piquant !

Comment transformer les entreprises françaises du numérique en véritables champions ? France Digitale, regroupement de 700 start-up et investisseurs du secteur, est venue le 17 mai à Aix écouter une quarantaine de dirigeants de la région. Ce "France Digitale Tour" vise à bâtir un catalogue de propositions pour les candidats à l'élection présidentielle. Au vu des manifestations qui agitent le pays contre la loi Travail, il faudra bien du courage au futur élu qui voudra les mettre en œuvre ! Que ce soit sur l'accompagnement financier des sociétés, la formation des jeunes, les relations écoles-entreprises, les modalités de recrutement, ils réclament de la souplesse !

Oser expérimenter

"En matière de financement des start-up, le système fonctionne sur de vieux schémas alors qu'il exige de nouveaux modèles" résume Olivier Mathiot, PDG de PriceMinister/Rakuten et co-Président de France Digitale, chargé de la restitution des échanges sur le sujet. Le plus grand défi ? Mobiliser l'épargne des Français pour soutenir l'essor des jeunes pousses prometteuses en échange, par exemple, de contreparties fiscales."Pourquoi ne pas instaurer des expérimentations sur les start-up pour évaluer concrètement les effets sur l'emploi ?" a-t-il également suggéré, après avoir évoqué, au nom des participants, les freins que représentent l'actuel contrat de travail quand une société ne gagne pas encore d'argent ou les seuils d'effectif quand elle grandit.

Stimuler la formation

Marie Ekeland, fondatrice de Daphni et vice-présidente de France Digitale, a souligné de son côté les inquiétudes exprimées sur "le niveau décevant d'employabilité" des jeunes diplômés, faute d'enseignements aptes à suivre la rapidité d'évolution des technologies. Le faible "esprit entrepreneurial", le manque d'ouverture à l'international, les carences en anglais dans un secteur où il est incontournable sont aussi relevées. Certains formulent l'idée d'intervenir dans les écoles, sur des projets pédagogiques, et jusqu'à l'université, pour éveiller les jeunes à ces enjeux. L'initiative pourrait être financée par des avantages fiscaux aux entreprises qui y consacrent du temps. Stéphane Paoli, adjoint au maire d'Aix-en-Provence, délégué au numérique, a admis la nécessité de "réinventer les modèles". A commencer par celui du dialogue social pour oser aborder ces dossiers. Ce n'est pas le moindre des défis...

Jean-Christophe Barla

Photo © JCB Le France Digitale Tour a permis également à 11 start-up d'exposer leur projet et ambitions. A la clé, 1,5 million d'euros en finale le 30 juin.