Freo Group entre en scène rue de la République

Un nouvel acteur entre en scène rue de la République : le fonds d’investissement allemand Freo Group (basé à Luxembourg) a racheté Atemi, le groupe parisien qui gérait près de la moitié du parc immobilier de la rue de la République. Olivier Dubois, l’un de ses dirigeants qui préside l’OPCI « Les Commerces de la République » lève un coin du voile sur la stratégie de cet opérateur jusqu’alors absent de France.

Businews: Qui est le groupe Freo ?

Olivier Dubois : Freo est un fonds de capital-investissement spécialisé dans l’investissement et la gestion d'immobilier qui a ses racines en Allemagne. Le groupe compte parmi ses véhicules d'investissement des fonds constitués d’investisseurs institutionnels internationaux renommés. Le groupe Freo procède également à des investissements directs et des co-investissements avec des partenaires en joint-ventures.

Le groupe qui gère un patrimoine de plus de 1,2 milliard d’euros en Allemagne et au Royaume Uni a la volonté de se déployer en Europe de l’ouest, notamment en France, en Espagne, en Italie et en Suisse. L’acquisition d’Atemi s’inscrit dans cette stratégie : elle permet à Freo de prendre pied sur le marché français de gestion d’actifs en s’appuyant sur des équipes opérationnelles qui connaissent le terrain.

Atemi avait acquis le parc immobilier de la rue de la République auprès du fonds américain Lone Star fin 2007 (une centaine d’immeubles). A qui appartient ce patrimoine aujourd’hui ?

Dès le départ, Atemi agissait pour le compte de fonds regroupant plusieurs investisseurs institutionnels (ndlr. le fonds « LBREP » contrôlé à 15% par feue la banque Lehman Brothers). C’est donc ces derniers qui étaient propriétaires du patrimoine de l’artère haussmannienne. Après la faillite de Lehman Brothers en 2008, les participations de la banque new yorkaise au sein des fonds d’investissement ont été acquises par d’autres investisseurs. Atemi est demeuré le gestionnaire des actifs de ces fonds et notamment de biens immobiliers, « l’asset manager » dans le jargon des professionnels de l’immobilier. 

Qui sont ces investisseurs ?

Les fonds réunissent de nombreux investisseurs dont l’identité individuelle ne présente pas un réel intérêt... Les 50.000 mètres carrés de locaux commerciaux sont détenus par le biais d’un OPCI (organisme de placement collectif immobilier) par la société « Les Commerces de la République ». Les logements appartiennent à une société patrimoniale qui réalise les travaux de réhabilitation avant de les revendre.  Le patrimoine résidentiel détenu par cette société s’inscrit également dans le cadre plus général de l’opération urbaine de rénovation immobilière qui est quasiment achevée : les 81 logements des quatre derniers programmes sont en cours de commercialisation (ndlr. « Villa Eugénie », 16 appartements ; « Le Verso », 13 appartements ; « Les Portes du Panier », 38 logements ; la résidence « Armance », 14 logements). Atemi assiste également les propriétaires dans la rénovation d’un immeuble situé à l'angle du boulevard des Dames et de la rue de la République qui accueillera en 2017 un hôtel 4 étoiles de 176 chambres de l’enseigne espagnole NH Hotel. Ce sera le premier quatre étoiles implanté en France par l’hôtelier madrilène sous sa nouvelle enseigne haut de gamme « NH Collection ».

Le chantier des commerces n’avance pas très vite. Les palissades restent nombreuses dans le bas de la rue... Pourquoi cette inertie ?

Il est vrai que le développement du patrimoine à usage commercial a pris plus de temps que prévu. Mais pour autant nous ne sommes pas restés inactifs. Nous avons permis à l’une ou l’autre des sociétés propriétaires de livrer fin 2012 les locaux qui accueillent aujourd’hui Monoprix (2.300 m2 de surface de vente) et de restructurer la grande majorité des immeubles à caractère résidentiel et tertiaires. En 7 ans, ont ainsi été développés une grande mixité d’opérations : des résidences pour étudiants (200 logements), une résidence pour personnes âgées (120 logements) et 200 lots commerciaux. Enfin, nous lancerons prochainement la restructuration de l’immeuble qui accueillera l’hôtel 4 étoiles. Malgré les efforts de communication déployés avec ANF (ndlr. l’autre gros propriétaire de l’artère haussmannienne) pour dynamiser la rue dans son ensemble et l’accueil d’associations d’artistes, la location des murs de commerces a été freinée par la crise. Les enseignes sont plus prudentes. Elles sont également très sollicitées avec la multiplication des nombreux projets commerciaux dans Marseille...

Propos recueillis par Jacques Poulain
Photo ©JP - Rue de la république