Jean-Louis Geiger toujours sur la route...

Instigateur du concept de «route des Hautes Technologies» lorsqu’il était élu en charge de l’économie à la région Paca (1986-1998), Jean-Louis Geiger dispense aujourd’hui ses conseils en stratégie de développement aux grands groupes industriels et aux collectivité.

La « route des Hautes Technologies », vous vous souvenez ? Au croisement des années 80/90, quinze ans avant les pôles de compétitivité et autres « Prides », la région Paca avait mis en réseau les principaux pôles technologiques de son territoire, en articulant recherche et industrie. Père de cette démarche, Jean-Louis Geiger était alors à la tête de commission économique, nouvelles technologies, recherche de la collectivité régionale alors présidée par Jean-Claude Gaudin. Un quart de siècle plus tard, ce spécialiste de l’immobilier d’entreprises passé par un grand groupe du BTP met aujourd’hui son expertise au service des grandes sociétés et des collectivités. Une activité de consultant qu’il décline depuis trois ans avec toujours le même credo : « ce ne sont pas les politiques qui créent les emplois, mais les entreprises ».

Le développement économique ne se décrète pas !

Ce leitmotiv le pousse à porter un regard critique sur la manière dont les grandes collectivités envisagent le soutien à l’économie. « Une stratégie de développement ne se résume pas à une addition de guichets, d’aides ou de subventions », lâche-t-il, agacé.  Le rôle des élus est de « proposer une vision, un grand dessein avec des enjeux clairement identifiés et de créer les infrastructures nécessaires au développement de l’activité », poursuit-il. Penser global, agir local en quelque sorte...

En s’appuyant sur les forces en présence : « Le développement économique ne se décrète pas ! Nous n’avons plus les moyens de réinventer le monde ! Inutile de se lancer à la poursuite de grands projets chimériques conçus ex nihilo. Chaque territoire est riche de savoir-faire, de traditions, d’hommes et de femmes compétents... C’est en s’appuyant sur ces filières qui mobilisent les forces entrepreneuriales locales que l’on impulse une véritable dynamique économique », martèle Jean-Louis Geiger. Et de lister les filières en pointe dans la région : « chimie, aéronautique, agro-alimentaire, TIC, micro-électronique, médecine, énergies... » autant de secteurs qui mériteraient d’être « mieux valorisés, à travers la création de vitrines au rayonnement international comme Iter ». « Lorsque j’étais à la région aux côtés de Gaudin, nous avions investi une centaine de millions de francs pour l’aménagement du pôle micro-électronique de Rousset. Il y a quinze ans, la région Paca accueillait 25% de l’activité de l’industrie des semi-conducteurs. Ce n’est plus le cas aujourd’hui... », constate, avec amertume, l’ancien élu qui en appelle « à la mise en place d’un vaste plan de sauvegarde » de ce secteur soumis, plus que d’autres, aux aléas de la conjoncture.

Nécessaire volonté politique

Ce déclin d’une filière qui fut hier l’un des fleurons de la région révèle en creux l’absence de portage politique : « Sans volonté politique, pas de développement économique possible ! Les élus doivent s’engager personnellement et porter les projets structurants. Sans cette mobilisation, les investisseurs ne suivent pas », conclut Jean-Louis Geiger.

Jacques Poulain