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L'Unicem au féminin repart à l'offensive


Rédigé le Samedi 12 Mars 2022 par Jean-Christophe Barla


Fondée en 2019, la version féminine de l'Union Régionale des Industries de Carrières et Matériaux de Construction s'est relancée le 8 mars en recevant la directrice adjointe de l'OM, Nathalie Nenon-Zimmermann. Un échange à bâtons rompus pour continuer à faire évoluer les mentalités dans le sport comme dans le BTP...


Pour l'Unicem au féminin, la meilleure défense, c'est l'attaque sur le terrain des responsabilités. (Photo JC Barla)
Pour l'Unicem au féminin, la meilleure défense, c'est l'attaque sur le terrain des responsabilités. (Photo JC Barla)
L’avancée de la cause des femmes dans le monde de l'entreprise et des institutions reste un inlassable engagement. Lancée en 2019 à l'initiative de Marie-Thérèse Aubrieux-Gontero, alors présidente de l’Unicem Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse et aujourd’hui vice-présidente, « l'Unicem au féminin » avait réuni 25 personnalités féminines des carrières et du BTP pour réfléchir collectivement sur des questions de formation, d'accès des femmes aux métiers du BTP, de bataille contre les installations illégales, et faire reculer aussi, par la promotion des valeurs typiquement féminines, les idées reçues dans des milieux dominés par la présence masculine. L’épidémie de COVID et ses restrictions ont réduit les possibilités de poursuivre les échanges. Le 8 mars, l'Unicem au féminin est repartie de l’avant à l'hôtel Le Pigonnet d'Aix-en-Provence, là où tout avait démarré, avec la même détermination et une invitée de marque pour partager son expérience : la directrice générale adjointe de l'Olympique de Marseille, en charge du marketing et des revenus du club, arrivée en juin 2021. Bien que dotée d'un CV bien rempli, Nathalie Nénon-Zimmermann a admis que dans plusieurs de ses postes, elle avait dû souvent convaincre de sa légitimité à détenir les fonctions qu'on lui avait confiées. « Je fais pourtant partie de comités de direction depuis l’âge de 26 ans, j’ai créé trois entreprises… ». « Dans le sport comme dans le BTP, l'engagement des femmes dans des postes à responsabilités peut contribuer à faire évoluer les esprits. Les mandats sont très formateurs sur ce plan ! » estime Marie-Thérèse Aubrieux-Gontero. Plusieurs participantes occupent de telles fonctions ou des postes de décision, dans les fédérations départementales et régionales du BTP, au Medef Sud, à la Région ou dans des entreprises.

Fières d’assumer leurs responsabilités

« Je suis arrivée sur des chantiers où on m'a demandé si c'était mon patron qui m'envoyait. J'ai répondu "oui" puisque c'est moi le patron ! » sourit Karine Lévêque-Lhote, gérante d’Atreal BTP à Châteauneuf-les-Martigues et présidente du syndicat de Maçonnerie des Bouches-du-Rhône. « Il y a très peu de femmes dans le gros œuvre, il faut donc convaincre. Mais la victoire est encore plus jolie quand ce qui semblait un problème au début pour d'autres entrepreneurs ou des architectes ne l'est plus et qu'on reconnaît notre compétence ! » poursuit-elle. L'élection d'Isabelle Longchampt à la tête de la fédération du Bâtiment 13 atteste que les mentalités bougent. « C'est une personnalité entière. Nous étions toutes derrière elle. Jamais, il n'y avait eu une femme à ce poste ! » soulignent plusieurs participantes, fières du travail qu’elle accomplit pour la profession. Il faut dire qu'un changement de fonction peut aider. « Quand on grimpe dans la hiérarchie, le regard des autres change » note Lauriane Traub, secrétaire générale adjointe de la FRTP, avis immédiatement approuvé par ses collègues. « Etre au tribunal de commerce de Martigues à 35 ans m'a donné beaucoup d'assurance » admet aussi Marie-Thérèse Aubrieux-Gontero. Le diplôme fait également son effet, selon Laura Piantoni, directrice générale de Cosepi et élue à la CCI 04. « Mon arrivée aurait été plus compliquée si j'étais sortie d'une école de commerce au lieu d'une école d'ingénieurs où nous n'étions que trois filles dans la promotion »  glisse-t-elle. « Une femme qui s'impose est toujours perçue avec un côté plus abrasif que lorsque c’est un homme »  regrette la directrice adjointe de l'OM. Ancienne attachée parlementaire aujourd'hui déléguée générale du Medef Sud, Carole Colombo dit apprécier travailler avec des femmes. Elle aussi soutient avoir été confrontée à des propos sexistes dans son parcours. Mais le 100% féminin n'est pas jugé non plus comme un attrait. « Ce serait reproduire les travers des entreprises où les hommes tiennent une écrasante majorité. Il faut un équilibre » insiste Karine Levêque-Lhote. 

Promouvoir d’autres modèles

Pour Béatrice Aliphat, ex-maire de Saint-Mitre-les-Remparts, aujourd'hui responsable de l'agence de TotalEnergies à Avignon dédiée aux énergies renouvelables, « se battre n'est pas la question. Il faut juste être soi, avec sa compétence, sans en faire trop ». Elle se félicite que dans son équipe, les jeunes filles savent ce qu'elles veulent, ce qu'elles ne veulent pas, sans être prêtes à tout sacrifier pour leur carrière. La génération Z sans doute... Nathalie Nénon-Zimmermann a su conjuguer vie familiale et professionnelle. « Sans mes enfants, je ne serais pas celle que je suis devenue » confie-t-elle, bien décidée à apporter sa pierre à l'évolution des mentalités. A ses yeux, le football féminin souffre d'une inéquité flagrante avec son homologue masculin, pas seulement dans les salaires. Le président de l'OM, Pablo Longoria, veut parvenir à bâtir une équipe féminine de haut niveau. « La capacité de résilience des footballeuses est très supérieure à celle des footballeurs », dit-elle.«  Je crois profondément au rôle de modèle qu'elles peuvent jouer pour d'autres jeunes filles de Marseille, de la région... Mais pour réussir ce challenge, il faut créer des conditions favorables, que des entreprises s'engagent à nos côtés, qu'elles aident à porter ce message, notamment si elles veulent aussi féminiser leurs effectifs. Je suis convaincue que cet engagement autour du développement et de la valorisation du foot féminin à l’OM peut rejaillir sur d'autres métiers et montrer que tout est possible ».


Tags : BTP, femmes, OM, Unicem


Jean-Christophe Barla




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