
Deux techniciens de la SEM, à la recherche d'une potentielle fuite après un signalement © FB
Depuis plusieurs années, la Société des Eaux de Marseille (SEM) investit dans l’intelligence artificielle, la télérelève (système automatisé permettant de collecter à distance les données de consommation des compteurs d'eau, ndlr), la maintenance prédictive et la détection préventive des fuites, pour préserver l’eau potable. Un défi de chaque instant, notamment en période de canicule. Au cœur du dispositif, on retrouve un centre de supervision qui enregistre en temps réel plus de 100 000 informations par jour : pression, débit, température, alarme de fuite, niveaux de réservoirs… Grâce à ces données, les équipes de terrain peuvent intervenir en anticipation, plutôt qu’en réparation. Chaque nuit, plus de 1 500 prélocalisateurs, installés depuis 2022, répartis sur le territoire de la métropole, sont à l’écoute des canalisations pour détecter les fuites invisibles. En cas d’anomalie sonore, l’information est analysée par les algorithmes, qui alertent les agents pour investigation. Ces derniers utilisent ensuite des technologies acoustiques tels que l'aquaphone, capables d’amplifier le bruit de l’eau jusqu’à 300 fois pour localiser précisément la fuite. Parfois, des chiens renifleurs ou même des images satellites viennent en soutien.
Agir avant l’accident
« Chaque jour gagné, ce sont des milliers de litres d’eau économisés, et souvent une intervention évitée en urgence », résume Jean-Michel Reynes, chef du service réseau. En parallèle, des outils de maintenance préventive comme le moteur testeur de couple (MTC) permettent de vérifier que les vannes fonctionnent correctement. « Plus on manœuvre les vannes régulièrement, plus elles restent souples et accessibles en cas d’intervention ». Certaines sont désormais motorisées et automatisées, pour réagir en quelques secondes, même en pleine nuit. La politique patrimoniale est également exigeante. Chaque année, 1 % du réseau est renouvelé, pour 0,5 en moyenne nationale. Ces travaux, planifiés avec un à deux ans d’avance, s’insèrent dans le tissu urbain de la métropole et représente une enveloppe annuelle de 25 millions d'euros. « On prépare aujourd’hui les chantiers de 2026. L’objectif est de concilier la technique avec la vie des quartiers, en réduisant au maximum les nuisances », évoque Lionel Stora, directeur de la communication de la SEM.
Sensibiliser l'usager
En bout de chaîne, l’usager n’est pas en reste. Depuis 2014, plus de 300 000 compteurs ont été équipés en télérelève, permettant aux habitants de consulter leur consommation, d’être alertés en cas de fuite, ou de suivre les niveaux d’alerte sécheresse via l’application “Mon Eau”. Cette transparence s'avère précieuse en période de forte chaleur : la page d’alerte canicule de la SEM, régulièrement actualisée, propose informations, conseils, et cartographie du niveau d’alerte par territoire. A l’interface entre innovation technologique et missions de service public, la SEM interviendra aussi en tant qu'acteur sociétal. Dès la rentrée, sa directrice générale Sandrine Motte lancera l’initiative “Écosystème”, en partenariat avec des associations et des institutions locales.