Si le très sérieux « marché » des pompes funèbres s’affiche en forte progression chaque année, il souffre pourtant d’une concurrence de plus en plus agressive. Zoom sur les nouvelles tendances du métier qui redistribuent les cartes dans un secteur traditionnellement sur la réserve.
Avec 540 000 décès en France chaque année, nombre en constante augmentation, difficile d’imaginer meilleur business que celui de la mort en termes de « carnet de commandes ». Un marché qui s’élèverait selon les dernières estimations à près de 5 milliards d’euros tous services confondus, de quoi laisser rêveur. Oui mais la clientèle a été soumise à la crise dans son pouvoir d’achat. Et si pendant longtemps, peu osaient négocier le tarif des obsèques de l’être perdu, les moeurs ont changé. Désormais, le client compare les devis, élimine le superflu. Et pour ceux qui ont les moyens, la mode est au personnalisé ! Pour ne pas dire customisé…
Le cercueil se fait un lifting
En carton, biodégradable, décoré, de la boite écoresponsable à celle qui saura traverser les âges avec style, des entrepreneurs ont infiltré la brèche. C’est ce qu’a fait l’agence de communication Amegapub, ultra spécialisée dans la branche funéraire avec plus de 700 clients du secteur. Serge Clapier, fondateur de l’agence et « pape de la comm’ dans le monde funéraire » selon son équipe, a mis au point un nouveau concept en 2012 sous le nom de Personifia. « Le marché de la crémation, mais également celui de l’inhumation, souffrait d’une standardisation des rituels » explique Gaëtane Joubert, responsable du développement. « Pour y pallier, Serge a eu l’idée de proposer à nos clients un nouveau produit qui englobe un covering personnalisé du cercueil, un faire part, une urne et une oraison funèbre. Un package complet à prix fixe que nos clients margent ensuite comme ils le souhaitent auprès de leur propre clientèle ». Commercialisé en mars 2013, 1000 exemplaires se sont déjà vendus avec un taux de pénétration du marché de 5% (soit 5 cérémonies sur 100), 28 modèles graphiques ont été créés en gamme générique et plus de 70 en modèle exclusif. « Dans un secteur de plus en plus concurrentiel, la personnalisation est la valeur ajoutée essentielle », même si elle avoue que ca peut être difficile à vendre… « Tout se joue au coup de coeur ».
L’éternité low cost
Dans le monde impitoyable des pompes funèbres, nombreux sont ceux qui profitent de la détresse de leurs clients pour exiger des tarifs prohibitifs. Au delà des abus, il s’avère également que les coups de fonctionnement de ce type d’entreprise deviennent vite conséquents: locaux, showroom, personnel, véhicules…. Une logistique lourde financièrement qui se répercute sur les prix de vente. Certains ont donc décidé de réduire les coûts, s’appuyant sur l’outil internet pour se développer. C’est le cas d’ABG, agence funéraire en ligne qui a fermé le rideau de sa boutique pignon sur rue à La Ciotat pour ouvrir sur le web et couvrir deux départements. « Ce n’est pas vraiment du low cost mais c’est un prix carré » précise Alain Boyer-Ghitti, le gérant. « Sans local, loyer et taxes à payer, nous proposons un prix fixe tout compris de 2000€. Pas de mauvaise surprise pour nos clients, et pour nous, une marge normale qui devrait être appliquée partout ! ». Avantages ? Un tarif transparent et une croissance attendue intéressante grâce à un champs d’action plus large et une cible clientèle plus étendue. Si le marché des pompes funèbres était jusqu’à présent plutôt fermé, réservé, voire souvent monopolisé, sa capacité à maintenir sa croissance dépend désormais de sa volonté de se renouveler et surtout d’innover.
Orianne Olive
Photo © Amegapub, Le cercueil "customisé" Provence.
BOITE À IDEES
La mort a de beaux jours devant elle, surtout pour ses entrepreneurs les plus culottés. Quelques idées de ce qui émerge ici et là, mais pas encore sur notre territoire.
UNE TV SPÉCIALISÉE
C’est ce qu’a proposé l’entreprise roumaine Evenimente Live avec Funerar TV qui permet aux proches endeuillés de suivre la cérémonie d’enterrement sur internet. Coût : 170 à 840€ la retransmission selon le nombre de caméras.
RÉCIFS ÉTERNELS
Mélangées à du ciment, les cendres du défunt sont placées en mer pour devenir un habitat à poissons et crustacés. Et pour que les proches puissent éventuellement se recueillir au bon endroit, une balise GPS est fixée au récif. De quoi optimiser la rade de Marseille…
MÉMOIRES VIRTUELLES
Quoi de mieux que le web pour stocker et partager toutes sortes de données. Emails, courriers, testaments vidéo… Moyennant une somme forfaitaire annuelle, la mémoire du défunt est honorée, partagée, exposée, conservée.
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