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Le CEA Cadarache cultive l’avenir des microalgues


Rédigé le Vendredi 7 Février 2020 par jcbarla




Les microalgues comme souche de développement de la 3ème génération de biocarburants est une perspective crédible pour les chercheurs du CEA et Total. Un nouveau bâtiment va concentrer les équipes scientifiques et plateformes technologiques dédiées sur la Cité des Energies.  

Au CEA Cadarache, à Saint-Paul-lez-Durance, la recherche sur les microalgues va très prochainement bénéficier des meilleures conditions d’exercice avec la construction du futur Institut de Biosciences et Biotechnologies d’Aix-Marseille (BIAM). Prévu pour une livraison au printemps, ce bâtiment de 8 000 m2 représente un investissement de 22 millions d’euros, soutenu par une multitude de partenaires (1), et se composera d’un ensemble de 2 240 m2 consacré à la recherche fondamentale et d’un autre de 1 416 m2 pour abriter de la R&D partenariale (avec d’autres équipes de recherche, avec des industriels…). Il réunira les 8 équipes du BIAM et ses cinq plateformes technologiques.  « Ce bâtiment est une opportunité forte pour accélérer notre compréhension des mécanismes moléculaires et de la manière dont ces micro-organismes réagissent et s’adaptent à leur environnement, aux variations de lumière, de température, de climat… Les microalgues peuvent fournir des lipides dans des conditions de stress. L’objectif est d’en obtenir un maximum de productivité en contrôlant et optimisant les procédés de culture, de récolte et d’extraction » explique David Pignol, directeur du BIAM. Il faudra encore quelques années pour parvenir à l’industrialisation de biocarburants nouvelle génération à partir de souches de microalgues. Dans l’attente, les marchés de la cosmétique (leurs propriétés ralentissent la dégénérescence), des compléments alimentaires, du traitement de l’eau ou des bioplastiques offrent des valorisations exploitables et rentables. « Nous essayons de traduire les attentes de certains marchés en cibles moléculaires et biologiques pour dégager des applications appropriées, mais tous les partenariats ne débouchent pas forcément sur des produits commerciaux » indique Jean-François Sassi, manager R&D « technologies et procédés des algues » de CEA Tech.

Place forte internationale

Celui noué par le CEA avec Total sur ces recherches démontre que la piste de biocarburants à base de microalgues devient de plus en plus réaliste : « Les biocarburants pour Total constituent l’un des moyens de réduire l’empreinte carbone, souligne François Ioss, directeur Biofuels du groupe. On vit aujourd’hui une accélération, avec un accroissement des investissements dans la recherche et le CEA est un partenaire technologique-clé. Ces microalgues peuvent produire des lipides en quantité généreuse. Par ces recherches, nous espérons aboutir à des souches aptes à produire des huiles à raison de 60 000 litres par hectare et par an dans des conditions économiques et énergétiques équilibrées. A terme, ces huiles algales pourraient être une alternative aux huiles végétales utilisées pour la bioraffinerie de la Mède ». Pour l’heure, la production de laboratoire du BIAM tourne autour de 1 000 litres contenant de 3 à 30 kilos de microalgues. Il faudra encore du temps pour un potentiel industrialisable. Mais sous l’impulsion des équipes des plateformes Heliobiotec et Bioprocédés et Microalgues du CEA Cadarache, plus largement du CNRS et d’Aix-Marseille Université et des autres collaborations internationales instaurées, la montée en puissance semble inéluctable. « La France est incontestablement un acteur mondial important sur le sujet » affirme Laurent Fourage, chef des programmes biotechnologies au sein de la division Biofuels de Total.

(1) Etat, Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Métropole Aix-Marseille Provence et Europe (Feder)

Jean-Christophe Barla

jcbarla



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