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A Istres, le pôle formation par l’apprentissage de l’UIMM va concevoir des prototypes d’outils d’enseignement et d’apprentissage novateurs avec des partenaires québécois, suisse et belge.
Comment faire évoluer ses méthodes pédagogiques vers plus d’efficacité pour aider chaque élève ou étudiant à grandir professionnellement et humainement, trouver sa place dans une entreprise et s’épanouir ? Vaste question pour un établissement de formation. Délivrant à 1 100 jeunes gens divers cursus en alternance menant aux métiers de l’industrie, le Pôle Formation de l’UIMM a néanmoins décidé de s’y atteler. Et pour imaginer des réponses, expérimenter des solutions, la structure s’est associée à Academos au Québec (Canada), Braincore (Suisse) et l’Université de Louvain (Belgique). Le « 1er symposium francophone du parcours socio-éducatif de l’apprenant de 16 à 30 ans » s’est tenu sur son site à Istres, le 26 novembre, avec une centaine de participants. « Aujourd’hui, nous avons du mal à attirer, recruter et conserver les jeunes sur les formations. Notre idée est de concevoir des prototypes pérennes et solides que nous pourrions essaimer sur nos sites et en partenariat avec l’Education Nationale » explique Jean-Pierre Dos Santos, directeur du pôle Formation de l’UIMM.
Profiler l’apprenant
Catherine Légaré, présidente fondatrice d’Academos au Québec, a ainsi présenté une application web et mobile qui met en contact des jeunes avec des « mentors », citoyens bénévoles et scrupuleusement sélectionnés qui acceptent de répondre librement à leurs questions sur les métiers qu’ils exercent. Academos recouvre tous types de professions. Le modèle déployé pour Istres cible plutôt des industriels. « La relation, uniquement écrite, peut s’opérer par le relais des écoles, des réseaux sociaux ou à travers des centres d’intérêt communs à un jeune et un mentor, explique-t-elle. Le premier peut découvrir des métiers dont il n’avait pas connaissance et le second se sent valorisé de lui apporter sa perception ». Jean-Pierre Dos Santos souhaiterait, en s’appuyant sur les fédérations professionnelles, recruter une centaine de mentors d’ici à l’été et attirer un millier de jeunes sur l’application. Autre piste : les neurosciences. Pour Jean-Jacques Martin, directeur de la société suisse Braincore et de l’Ecole Nemesis, ces sciences peuvent aider à diagnostiquer l’empreinte cognitive d’un jeune et comprendre les blocages qui, dans son cerveau, freinent son envie d’apprendre ou sa motivation. Objectif : lui proposer des outils pédagogiques adaptés à son profil. « A travers ces projets individuels, on agit collectivement pour améliorer la qualité de l’enseignement. La plasticité du cerveau est telle que chacun a toujours la capacité d’apprendre. Cette méthode a un « effet laser » pour cerner les potentiels. Notre école a ramené plus de 2 000 jeunes dans un parcours ». Président du Louvain Learning Lab de l’Université de Louvain, Benoit Raucent fournit son expertise sur les démarches de mise en situation des jeunes face à une problématique afin qu’ils la résolvent par leurs propres capacités et non en cherchant des réponses sur internet. « On peut partir d’un cas pratique, d’une bande dessinée, d’un film comme Star Wars, d’un extrait d’une série TV et on les place en position d’expert pour qu’ils se sentent engagés dans la réflexion. On apprend mieux quand on doit défendre une idée. L’enseignant est alors un « activateur » dans le groupe ». Reste à savoir comment le système éducatif français peut intégrer ces méthodes novatrices, tant culturellement qu’administrativement. Jean-Pierre Dos Santos se veut optimiste : « La réforme de la formation professionnelle pousse à réfléchir autrement, l’éducation nationale se montre aussi plus ouverte. Nous devons concevoir ensemble l’orientation de demain ».
Jean-Christophe Barla
jcbarla