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Le Port et les industriels font du C02 une ressource


Rédigé le Vendredi 29 Mars 2019 par jcbarla




Capter et valoriser les fumées industrielles pour réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère est un objectif affirmé du Grand Port Maritime de Marseille sur la zone de Fos-sur-Mer. Après Jupiter 1000 et Vasco 2, Carbon4Pur, porté par Covestro, élargit encore la perspective.

Isolerons-nous un jour les bâtiments avec des produits confectionnés à partir de mousses en polyuréthane issues de monoxyde de carbone (CO) ou de dioxyde de carbone (CO2) de fumées industrielles ? Les illustrations présentées par Covestro le 20 mars à Fos-sur-Mer pour détailler le contenu du projet européen Carbon4Pur dont il est chef de file peuvent surprendre, mais un consortium de 14 partenaires de 7 pays s’attèle à poursuivre cette ambition. En France, outre Covestro, s’y sont associés le Grand Port Maritime de Marseille, ArcelorMittal et le CEA. L’enjeu est limpide pour les industriels : réduire leurs émissions polluantes dans l’atmosphère pour limiter leurs nuisances sur l’environnement et les riverains et démontrer que les initiatives d’écologie industrielle peuvent générer une croissance plus équilibrée. « Pour produire une tonne d’acier, il faut 2 tonnes de CO2, a expliqué Eric de Coninck, chef de projet « réduction des impacts fabrication acier » d’ArcelorMittal. La réutilisation du CO2 ne supprimera pas toutes les émissions, mais nous voulons entrer dans une logique d’économie circulaire, en explorant diverses technologies qui permettront de fabriquer l’acier du futur ». Carbon4Pur représente un investissement de 7 millions d’euros sur quatre ans, soutenu par l’Union Européenne. Entamé en 2017, il sera achevé en septembre 2020.

Opportunité exploitable

 « Notre vision est d’utiliser le CO2 en autant d’applications que possible et de recycler autant de matières premières que possible afin de nous éloigner de plus en plus des carburants fossiles » assure Christian Haessler, directeur du développement durable de Covestro. Réduire son empreinte carbone exige d’analyser objectivement l’intégralité du cycle de vie d’un produit. « Il ne s’agit pas de concevoir un système qui déplace ailleurs le problème » a rappelé Jeroen Guinee, de l’Université de Leiden (Pays-Bas), impliquée dans le projet de recherche appliquée. Prouver la faisabilité technique ne suffit pas : il faut aboutir à l’élaboration d’un modèle économique viable et durable. Ce n’est pas la moindre des difficultés… « L’expérimentation menée à Fos entre ArcelorMittal et Covestro permet de travailler ensemble, de partager des résultats dans une approche d’innovation ouverte entre une aciérie et un chimiste. Nous pourrons voir ainsi si le modèle peut se reproduire ailleurs en Europe autour d’autres sites sidérurgiques » confie Liv Adler, coordinatrice de Carbon4Pur pour Covestro. A terme, un pipeline pourrait être réalisé entre ArcelorMittal et Covestro pour installer l’approvisionnement dans la durée. Pour Sylvain Pichon, responsable des projets transition énergétique du GPMM, Carbon4Pur doit évaluer les investissements et mesures de sécurité à prévoir, les règlementations à intégrer... Le pilote industriel pourra renforcer l’attractivité commerciale de la zone industrialo-portuaire : « 12 millions de tonnes de CO2 sont émises chaque année sur la zone, c’est une opportunité de ressource à aller chercher. Carbon4Pur, Jupiter 1000, Vasco 2… instaurent une symbiose industrielle qui profitera aux clients. Mais c’est aussi générer de l’acceptation durable pour d’autres développements industriels. Notre port du futur sera vert dans une économie bleue ».

Jean-Christophe Barla

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