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Le foncier économique en état d’urgence sur la Métropole


Rédigé le Vendredi 15 Novembre 2024 par Jean-Christophe Barla


L’événement « Urgence foncier » tenu au Palais de la Bourse à Marseille a révélé les tensions extrêmes à l’œuvre sur le territoire pour les entreprises comme dans le logement. Le monde économique monte au créneau.


Simplifier et accélérer les procédures d’accès au foncier et aux autorisations de construire est l’une des principales revendications portées par les acteurs économiques (Photo JC Barla).
Simplifier et accélérer les procédures d’accès au foncier et aux autorisations de construire est l’une des principales revendications portées par les acteurs économiques (Photo JC Barla).
Peut-on construire l’avenir économique de la Métropole Aix-Marseille-Provence sans accroître les possibilités d’implantation ou de développement pour les entreprises et de mise en œuvre des moyens pour les accompagner (logements, infrastructures, mobilités…) ? La question a servi de fil rouge à l’événement « Urgence Foncier » organisé par la CCI Aix-Marseille-Provence le 8 novembre à Marseille. Et la réponse atteste que tout s’est bien compliqué pour atteindre l’objectif, avec l’accumulation de lois, normes et procédures, la multiplication des interlocuteurs, la nécessité de préserver au mieux l’environnement…

Plusieurs intervenants en ont donné une illustration criante. Il faudrait en moyenne désormais 10 mois de plus pour discuter de la modification d’un plan d’urbanisme, cinq ans au lieu de trois ans pour obtenir un permis de construire sur un immeuble de bureaux et jusqu’à huit ans et demi, entre l’idée et la livraison, pour un programme de logements sociaux ! Ces calendriers découragent des initiatives, plombent définitivement des projets, abandonnés ou concrétisés ailleurs, et altèrent les dynamiques de communes ou de zones d’activités.

Lourdeurs et incompréhensions

« On ne voit pas de porte de sortie », glisse Sébastien Lieutaud, président de l’Union des Syndicats de l’Immobilier (UNIS) Marseille-Provence-Corse. « Notre modèle économique est bousculé », renchérit Robin Hamadi, directeur de l’Association régionale Hlm PACA & Corse. Certains sont allés jusqu’à réclamer un recadrage de services étatiques ciblés comme prompts au « fait du prince », tels l’Autorité environnementale ou les Architectes des Bâtiments de France, qui retardent des dossiers et augmentent les aléas pour les porteurs de projets.

« Une entreprise sait appliquer une règle fixée, mais des demandes s’ajoutent alors qu’il n’y a pas de réglementation », explique ainsi Hervé Martel, président du directoire du Grand Port Maritime de Marseille, en évoquant une exigence opposée à Carbon sur l’estimation de ses impacts cumulés avec les autres projets envisagés à Fos. Même la sénatrice des Bouches-du-Rhône, Brigitte Devésa, a tenté d’affranchir les maires des communes carencées en logements sociaux. « Ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas en faire mais parce qu’ils sont confrontés à plus d’autorités qui empêchent de travailler correctement », a-t-elle indiqué.

Dégager du foncier par tous les moyens

Les échanges ont permis néanmoins de détailler quelques pistes positives. Les représentants de la Métropole ont évoqué l’ambition à l’horizon 2040 de produire 10 millions de mètres carrés pour l’économie dont 7 millions de m2 pour l’économie productive, en accentuant notamment le travail sur la requalification de zones d’activités, de friches industrielles… pour éviter l’accusation d’artificialiser massivement des espaces. Dégager du foncier pour l’économie constitue un impératif aux yeux de Gérard Gazay, vice-président de la Métropole, pour qui « il faut créer de la richesse d’abord » avant d’espérer déployer des services, logements et équipements.

« Le foncier est une obsession pour la Région Sud afin de réenrichir le territoire », souligne aussi Christophe Madrolle, président de la commission « Biodiversité, Mer, Littoral ». Mais quand la sobriété se généralise dans l’aménagement de terrains, il faut exploiter les ressources de l’innovation, comme la surélévation de bâtiments industriels ou logistiques, la reconversion de centres commerciaux confrontés à des cellules vides en raison des changements de mode de consommation, des mutualisations d’activités…

Explorer collectivement des solutions

« Des solutions techniques, il y en a plein », assure l’architecte Renaud Tarrazi, au nom du CHUTT (Collectif d’hybridation urbaine des territoires de transition). Président de la CCI Aix-Marseille-Provence, Jean-Luc Chauvin invite acteurs économiques et institutionnels à les explorer, quitte à s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, pour dessiner un futur plus optimiste à un moment où la cascade de contraintes nationales et internationales fragilise nombre d’entreprises et de projets. « On peut imaginer de mieux utiliser les coefficients de construction, en fixant un minimum au lieu d’un maximum… Nous discutons avec la mairie de Vitrolles sur la réhabilitation de ses zones vieillissantes. A Gardanne, il faut consacrer exclusivement à l’industrie les friches industrielles, sinon, nous ne réussirons pas la montée en gamme de la réindustrialisation et de la décarbonation. Nous pouvons tous ensemble travailler à l’amélioration des règles, des façons de faire pour être plus réactifs et porter un message collectif de transformation. L’urgence est là pour tous ceux qui sont déjà ici et tous ceux qui veulent venir ! ».




Jean-Christophe Barla

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