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Quand les entreprises recrutent en prison


Rédigé le Vendredi 22 Mai 2015 par oolive




Des entreprises de la région ont rencontré des détenus de la prison des Baumettes pour un job-dating organisé, hier, à l’occasion de la 6ème édition de l’Odyssée des CREPI vers l’emploi. Une première pour le centre pénitentiaire et les chefs d’entreprise participants.

5 minutes. C’est le temps qu’a eu chaque détenu pour discuter et montrer sa motivation à de futurs employeurs potentiels lors de l’action « Raconte-moi ton métier, ton entreprise » organisée par le réseau des CREPI (clubs régionaux d’entreprises partenaires de l’insertion), en partenariat avec le service pénitentiaire d’insertion et de probation de Marseille. Au total, une trentaine de responsables d’entreprises est venue à la rencontre d’une cinquantaine de prisonniers, la plupart en fin de peine, à moins d’un an de leur sortie. Parmi les profils, des candidats âgés de 19 à 51 ans, certains au cv déjà bien établi, d’autres en cours de formation ou encore à la recherche d’un métier. Pour tous, un objectif commun, résumé par Samira Agem, responsable du CREPI Méditerranée : « Préparer au mieux l’insertion des détenus en fin de peine par la voie économique ». Et nombreuses ont été les entreprises à répondre à l’appel, de la Société Nautique à Eiffage en passant par Les Villages Clubs du soleil. Thierry Persia, patron d’Amperis Energies (250 salariés), affirme avoir repéré deux ou trois profils intéressants. « Ils ont su attirer mon attention et je vais être attentif à eux les mois à venir ». Pour lui, pas question de rester sur des a priori, « j’ai vécu dans les quartiers nord, je sais ce que c’est d’être dans une situation difficile. Les détenus que j’ai rencontrés ont tous en commun cette soif de revanche, qualité indispensable pour reprendre en main sa vie ». Même enthousiasme pour Fréderic Klein, des Villages Clubs du soleil. « Nous sommes engagés dans une démarche RSE depuis des années et j’ai trouvé ici des profils qui correspondent à ce que l’on cherche. Pas de triche ici, nous savons d’où viennent ces candidats, leurs parcours, leurs fautes, ils n'essaient pas de trafiquer leur cv ou de cacher leur passé, contrairement à certains candidats que nous rencontrons dans la société civile. A partir de là, l’échange est sain ».

Prisonniers, futurs chefs d’entreprise ?

Marché du travail saturé, difficulté de retour à l’emploi après la case prison, pourquoi ne pas créer sa propre boîte ? Idée incongrue, inadaptée ? Pas si sûr selon Salah Tachoukaft, directeur régional de Planet Adam à Marseille. Chargé du volet sensibilisation à la création d’entreprise lors du job-dating, il l’affirme, « c’est une vraie solution de retour à l’emploi ». Mais pas n’importe comment. « Certaines professions sont règlementées par des diplômes obligatoires. Il ne faut pas non plus être sous le couvert d’une « interdiction de gérer »  inscrite au casier judiciaire ». En dehors de ces cas spécifiques, tout est possible. « Ce matin, 6 détenus étaient vraiment intéressés par la création d’entreprise. Deux sont d’ailleurs déjà des patrons et ont leur boîte toujours en fonctionnement. Les projets sont variés : restauration rapide, location de voitures, évènementiel… Notre rôle est de les informer, les orienter et, s’ils le souhaitent, les accompagner à leur sortie que ce soit du montage du business plan au démarrage commercial ». Car, insiste-t-il avec humour, mais non dénué de vérité : « Pour se retrouver en prison, c’est qu’il faut être quelqu’un de particulièrement « entreprenant »... L’idée est de transformer ce comportement entreprenant capable du pire en tempérament entrepreneur dans le sens noble du terme ». 

Orianne Olive
photo ©OOL : Les entreprises et les organisateurs lors de la conférence de presse qui a suivi le job-dating à la prison des Baumettes.

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