Aujourd’hui 7 septembre 2015, les cinq candidats qui ont déposé le 2 septembre quatre offres de reprise de la SNCM sont auditionnés par la direction de la Concurrence à Bruxelles afin de s’assurer que leurs dossiers soient en conformité avec les critères de discontinuité permettant d’échapper au remboursement de 440 M€ d’aides d’Etat.
Tandem STEF & Co/Berrebi
Le groupe de transport frigorifique associé à des experts du maritime et des transporteurs routiers propose de reprendre des lignes corses de la SNCM dans le cadre d’une « offre conjointe et indissociable » avec l’armement mexicain Baja Ferries, centré pour sa part sur les lignes Maghreb (Algérie, Tunisie).
Le schéma élaboré par STEF reprend 535 salariés et quatre des sept navires de la flotte pour 10 M€. Vouée à assurer la desserte maritime de la Corse, la société D’Orbginy 1 est composée d’un pool de trois groupes d’actionnaires : Stef à 40%, UniMed à 40% et cinq transporteurs corses pour les 20% restants. Le capital d’UniMed se répartit entre SC Molis (à la tête de La compagnie Maritime Nantaise) à 30%, Christian Guilbert (25%), la holding UEF (11%), Marfret (10%), Jean-Charles Fromage, ex-cadre de STEF pressenti pour présider la future compagnie (20%) et Gérard Goffre à hauteur de 4%. L’offre de STEF est assortie de cinq conditions suspensives.
Baja Ferries, écarté en juin par le tribunal de commerce de Marseille, se contente de reprendre pour 5 M€ la partie Maghreb dans le cadre de l’offre conjointe avec STEF. Celle-ci se résume à 191 salariés (170 marins et 21 sédentaires) et deux navires battant pavillon premier registre opérés sur Marseille-Alger et Marseille-Radès par France Ferries, filiale de Baja Ferries. L’homme d’affaires Daniel Berrebi nourrit l’ambition d’ouvrir une ligne Marseille-Tanger en 2017.
Retour de Patrick Rocca et de Christian Garin
La deuxième offre est portée par Christian Garin. Il fait visiblement cavalier seul même si son dossier évoque un armateur de premier rang. « Cette offre a été préparée en liaison avec un des tous premiers armateurs mondiaux ayant eu ou ayant encore des activités significatives dans le secteur de la croisière et du ferry », précise-t-il dans son dossier.
L’armateur en question serait MSC via GNV mais, de source proche du dossier, il se dit que les négociations auraient échouées. Sa société, baptisée Ferry de France, reprendrait 818 salariés (612 marins et 206 sédentaires) et sept navires pour un prix de cession de 12 M€. Cinq seraient exploités en direct et deux mis sur le marché de l’affrètement.
Déjà connu des juges consulaires, Patrick Rocca revient également à la charge avec une offre à 5,5 M€ portant sur la reprise de 6 navires et 830 salariés. Assortie de cinq conditions suspensives, son offre est centrée sur la desserte de quatre ports corses et les deux lignes du Maghreb de la SNCM. A noter qu’il renonce à la délégation de service public provisoire. Il se réserve le droit d’ouvrir son capital. Enfin, il dénonce le contrat historique de manutention avec Socoman à Marseille.
La dernière offre a été déposée par un nouveau venu. Corsica Maritima, une SAS présidée par Pierre Anchetti et fédérant 12 entreprises corses ou implantées en Corse (Big Mat, Gedimat, Europcar, Lafarge, Brasseries Pietra, Leclerc…). Corsica Maritima met sur la table 5 M€ pour reprendre 6 des 7 navires et 619 personnes. Leur projet exclut la délégation de service public et se concentre sur les deux principaux ports corses, Bastia et Ajaccio. La construction de 5 navires au GNL figure au business plan du consortium.
Les cinq repreneurs présenteront demain, mardi 8 septembre, leurs projets aux salariés de la compagnie maritime aujourd’hui détenue par Véolia/Transdev (66%), de l’Etat à 25% et des salariés à 9%. Le sort de la SNCM sera connu début octobre probablement à l’issue d’une audience décisive le 25 septembre.
Nathalie BUREAU DU COLOMBIER
30/11/2023