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Total dans la dernière ligne droite pour sa bioraffinerie


Rédigé le Vendredi 18 Mai 2018 par jcbarla




Sur la plate-forme de Total à La Mède, le chantier de reconversion touche à sa fin. Plusieurs infrastructures annoncées au lancement du projet fonctionnent déjà. La future bioraffinerie devrait commencer à tourner dans le courant de l’été.

« J’avais réservé au site ma première visite le 11 octobre 2016 comme directeur général Raffinage-Chimie et membre du comité exécutif de Total. Je voulais convaincre nos collaborateurs qu’ils allaient travailler pour la seule bioraffinerie du groupe, qu’elle détiendrait de fait dans sa stratégie une place à part en produisant des biocarburants, explique Bernard Pinatel. La raffinerie a été arrêtée en décembre 2016. Cette fois, nous y sommes. L’unité démarrera cet été ». La plate-forme de la Mède ne ressemble définitivement plus à ce qu’elle était avant le lancement de ce projet à 275 millions d’euros. « Les équipements sont en place, il faut maintenant les relier aux tuyaux » explique François Bourrasse, le directeur du site. De nouvelles activités ont émergé depuis un an. Avril 2017 a vu la mise en service d’un nouveau dépôt pétrolier d’une capacité de 1,3 million de mètres cubes par an. En octobre, le Centre de formation Oleum Sud a ouvert ses portes avec l’ambition d’accueillir 2 000 stagiaires chaque année. « Nous en avions un à Dunkerque, mais pas dans le sud, poursuit Bernard Pinatel. Les modules de formation ont été conçus avec l’IFPEN et des formations ont déjà été délivrées. Nous pourrons y recevoir nos personnels et ceux d’entreprises extérieures ». Début 2018, c’est la centrale solaire qui entrait en service sur 12 hectares avec une capacité de 8 MW qui permet de couvrir l’équivalent de la population de Châteauneuf-les-Martigues. L’électricité est réinjectée sur le réseau.

Certitude de rentabilité

En juin, l’unité de production de l’additif AD Blue (50 000 m3 par an) qui transforme en vapeur d’eau et azotes inoffensifs les oxydes d’azote polluants des moteurs diesel sera à son tour opérationnelle. Et quand la bioraffinerie tournera à plein régime, elle devrait produire 500 000 tonnes de biodiesel HVO* par an. « Nous utiliserons 30% d’huiles usagées et 70% d’huiles vierges, palme, colza, tournesol, carinata, certifiées durables, grâce aux pratiques responsables des producteurs. Cette filière existe mais la moitié de ces huiles certifiées ne trouve pas preneur car jugée trop chère. Nous offrirons un débouché » explique Bernard Pinatel, soucieux de rassurer les défenseurs de l’environnement, souvent montés au créneau pour s’inquiéter des risques de déforestation en Asie. Un partenariat a par ailleurs été conclu avec Suez pour une unité de pré-traitement des huiles usagées qui devrait fournir 20 000 tonnes à l’unité. « Si nous avons investi 275 millions d’euros, c’est parce que nous sommes convaincus que nous proposons une solution d’avenir pérenne, insiste Bernard Pinatel. La raffinerie perdait 100 millions d’euros par an avec une capacité de 5 millions de tonnes. Avec 500 000 tonnes d’un biodiesel de grade supérieur, la bioraffinerie sera rentable ». A l’horizon 2022, l’effectif sera ramené à 250 salariés contre 430 auparavant. « Sans licenciement, ni mutation géographique contrainte » rappelle François Bourrasse.

*Huiles végétales hydrotraitées

Jean-Christophe Barla

photo JCB: Pour François Bourrasse et Bernard Pinatel, Total investit à La Mède dans une reconversion conçue comme une « solution d’avenir pérenne ».

jcbarla



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