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Transition écologique : une démarche inévitable !


Rédigé le Vendredi 26 Novembre 2021 par Jean-Christophe Barla


Le 3ème débat économique de l’UPE 13 « Agir ensemble pour la relance » se tenait à Rognac le 24 novembre sur la thématique « La transition écologique, une affaire d’entreprises ? ». Les tables rondes organisées attestent que les entreprises seront contraintes d’évoluer, qu’elles le veuillent ou non. Au risque de se mettre vraiment en danger…


Empreinte carbone, RSE... Le débat a posé l'enjeu de la transformation pour les entreprises (Photo JC Barla)
Empreinte carbone, RSE... Le débat a posé l'enjeu de la transformation pour les entreprises (Photo JC Barla)
« Il va falloir réussir à ne plus jamais opposer besoin de développement d’une entreprise et transition écologique ou RSE » a déclaré Philippe Korcia, président de l’UPE 13 en ouverture du débat du 24 novembre… Représentant de l’UPE 13 sur l’étang de Berre, Thierry Zarka enfonçait le clou : « Il ne devrait plus y avoir de personnes sceptiques sur la nécessité d’effectuer la transition écologique ». Le postulat était posé, les pistes de réflexions et de solutions restaient à exposer à un parterre d’entrepreneurs torturés d’interrogations : comment procéder ? Les divers intervenants qui se sont succédé à la tribune, tous issus de grandes organisations ou sociétés locales mais aussi de PME, se sont évertués à rassurer : oui, c’est compliqué et long, mais oui, c’est possible et c’est porteur de performance et de perspectives ! Et non, il n’est pas envisageable d’y échapper !

Du petit pas au changement profond

Intervenant dans le secteur du traitement de déchets industriels, Corinne Ramombordes (Solamat Merex) a admis que la démarche « bouleverse les modèles d’organisation » et qu’il faut oser, dès le départ, se poser les bonnes questions, même celles qui fâchent. Et petit à petit, chaque action paie : « Entre 2013 et 2020, nous avons réussi à faire chuter notre consommation énergétique de 36% sans initiative forcément spectaculaire, en nous employant par exemple à chasser les fuites. Nous transformons de la vapeur en électricité, nous sommes autosuffisants, mais ce n’est pas une raison pour gaspiller. Maintenant, notre challenge est de nous attaquer aux émissions de CO2 ». A la tête de Sud Plaisance, une PME de 20 personnes à Marseille, Bruno Delahaye se désole des répercussions environnementales chaque fois qu’un hors-bord brûle son plein de gasoil à fond sur les flots. « Quand j’ai racheté l’entreprise, je me suis demandé comment continuer à vendre du rêve sans engendrer un cauchemar écologique. J’ai proposé aux salariés de bosser sur le sujet. On s’est attelé à un défi : conduire la conversion du marché de la plaisance à l’éthanol. On espère pouvoir mettre à l’eau des bateaux d’ici fin 2022. Il faudra pouvoir mettre des pompes à l’éthanol dans les ports ou prévoir des pompes flottantes. Mais c’est important de croire qu’une PME peut agir en adaptant son modèle économique pour le bien commun ». Dans la promotion immobilière et l’exploitation hôtelière, Nicolas Ponson (Redman) s’est montré dès le début soucieux de pratiquer son activité avec l’objectif de « prendre soin de l’utilisateur final », tout en œuvrant à des projets marqués par la complexité. Au bout de dix ans néanmoins, il s’interroge sur la dimension sociétale et environnementale de son métier et le sens de sa mission. Les 70 collaborateurs sont invités à plancher. Des axes d’évolution sont ciblés, une grille de critères est définie ainsi que les outils de motivation liés à leur application (prime d’intéressement accrue, parts au capital…). « Aujourd’hui, nous sommes le 7ème promoteur français sur la production d’actifs bas carbone. Comme quoi, la démarche n’est pas au détriment de la performance ! Pour vivre dans un monde meilleur, tout le monde doit s’y mettre ». A ses yeux, « chaque jour de retard que prend une entreprise dans cet engagement impactera sa valeur ».

Comprendre et agir pour s’améliorer

Christophe Caille, à la tête d’Entrepreneurs Pour la Planète qui promeut l’entreprise comme solution au réchauffement climatique et à la préservation de la biodiversité et non comme responsable de leur dégradation, appuie l’argument. Pour lui, c’est aussi un enjeu de fidélisation de ses collaborateurs, d’attraction de talents. « 80% des étudiants disent vouloir intégrer une entreprise avec une démarche environnementale » assure-t-il. Les banquiers aussi se montrent plus exigeants lorsqu’il s’agit d’accompagner les dirigeants sur le financement de leurs investissements. « Le président de BNP Paribas a affirmé que les entreprises sans démarche environnementale n’ont pas d’avenir » rappelle-t-il, avant d’ajouter : « Il faut former et accompagner les collaborateurs pour comprendre et mettre en œuvre ces enjeux ». Impliqué à ses côtés, Sylvain Prévot pointe le rôle des dirigeants : « Un engagement, vrai, est indispensable, dès lors que le chef d’entreprise a pris le temps de bien appréhender le problème. Trop peu le prennent. Ensuite, il lui faut creuser le sujet avec ses salariés et aller au bout ». Et, pour lui, le premier sujet concerne le calcul de l’impact carbone, négligé par les entreprises car trop « casse-tête ». « Pour anticiper, il faut le mesurer et donc se former à ce que veut dire une mesure d’impact pour porter un autre regard sur son entreprise et son modèle économique, avec ses effets positifs et négatifs. Se réinventer ne s’opère pas tout seul mais dans la collaboration et l’échange, par exemple au travers de cercles de dirigeants ».

Dynamique d’irrigation de l’écosystème

En se dotant d’une « Commission des entreprises durables » ainsi que d’un Manifeste dont les détails ont été présentés ce 24 novembre (voir ci-dessous), l’UPE 13 souhaite montrer la volonté d’engagement de tout le tissu entrepreneurial en faveur du développement durable sous tous ses aspects. Outre la nécessité d’une prise de conscience que l’enjeu est « fondamental », Joël Gentil (Horasis Conseil), alerte : « Affirmer cette conviction, c’est déboucher sur un processus long, douloureux, compliqué, où le dirigeant doit être un moteur pour toutes ses équipes ». Jean-Michel Diaz (TotalEnergies) rappelle que l’engagement des grandes entreprises à réduire leur empreinte carbone va progressivement « s’écouler » sur tous leurs fournisseurs et sous-traitants et ceux qui ne suivront pas se verront écartés de leur écosystème lors des consultations pour des marchés. Il y voit néanmoins un atout pour les partenaires de proximité d’importants sites industriels. « Si les entreprises locales se regroupent pour postuler, elles pourront être retenues puisque leur empreinte environnementale demeurera plus basse que celle d’une entreprise de grande taille venue de loin ». Pour Catherine Hebert (Provence Durable), la démarche impose constance, humilité, sincérité et innovation collective. « Des entreprises gagnent déjà des appels d’offres publics parce que leur politique RSE les distingue favorablement. Mais le retour sur investissement se mesure au moins sur le moyen terme » dit-elle. En conclusion, pour Jacques-Thierry Monti, investi au nom d’EDF dans le « Cercle @venir » de l’UPE 13, rassemblement de grandes entreprises du territoire dont le siège social est ailleurs, il ressort de cette implication une détermination à faire grandir encore l’économie locale, par une certaine exemplarité. « Il ne s’agit pas d’être donneur de leçon, mais de convaincre, d’aider pour entraîner l’évolution » conclut-il.

Focus : Un manifeste de convictions

« Intégrer le développement durable dans la culture de son entreprise, c’est donner du sens à l’existence de l’entreprise, au travail réalisé par les collaborateurs, améliorer son attractivité employeur auprès des nouvelles générations et c’est un levier de croissance en matière de développement commercial ». La commission « Entreprises Durables » de l’UPE 13 et le Cercle @venir de l’UPE s’engagent sur un « Manifeste » pour encourager les entreprises du territoire à adopter un modèle durable, à partager leurs expériences et bonnes pratiques, à le faire savoir aussi quand les activités industrielles suscitent tant d’inquiétudes dans la population. Cette communauté, ouverte, extensible à tous ceux qui souhaitent s’impliquer, vise aussi à établir une méthodologie et des outils concrets pour évaluer sa politique de RSE et de réduction de l’empreinte carbone. Cette commission est présidée par Thierry Zarka. Il invite chacun à démarrer et s’engager au plus vite : « Plus le temps passe, plus les problèmes seront difficiles à résoudre » assure-t-il.




Jean-Christophe Barla

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