Un tramway nommé le pire

166 millions d’euros pour 10 kilomètres, c’est le cout minimal estimé du futur tramway d’Aubagne. Un montant jugé déjà exorbitant pour un outil qui ne correspond pas aux attentes de la population selon le « CATA », un collectif de contribuables anti-tramway qui veut démontrer que cette infrastructure ne représente qu’un « micro intérêt » et ne va concerner que 5% des habitants.

Du coté des élus en revanche on n’entend pas le même son de cloche. Magali Giovannangeli, présidente de l’Agglo, et Daniel Fontaine, le maire d’Aubagne, fustigent cette initiative anti-tramway qu’ils qualifient de « politicienne » et y voient une « manipulation » venue d’un autre collectif « mon entreprise , ma ville » qui regroupe des syndicats de salariés et d’employeurs : « Il y a derrière cette opération la volonté de prendre position pour la création d’une métropole. La population du pays d’Aubagne et de l’Etoile a déjà répondu négativement par voix de référendum à une éventuelle intégration dans la métropole marseillaise. Ce qui se passe rue de la république à Aubagne ne se décidera pas rue Paradis à Marseille (siège du collectif mon entreprise ma ville) » ont commenté les deux élus dans un communiqué rageur.

« Le tramway d’Aubagne c’est une approche du problème des transports par le petit bout de la lorgnette, 43 % des salariés de ce bassin d’emploi travaillent hors de l’Agglo, il faut repenser la question des trajets domicile/travail sur une échelle beaucoup plus large, celle justement de la métropole. Il nous faut une organisation unique des transports dans ce département qui prenne de la hauteur et travaille dans l’intérêt général, seule la création d’une métropole peut éviter ce genre de gaspillage  »  commentait Thierry Berger, président de l’UPE13 du pays d’Aubagne à quelques jours de la fin de l’enquête d’utilité publique. L’objectif de ces collectifs est donc clairement de démontrer l’inutilité du tramway, en dénoncer le cout pharaonique : 166 millions d’euros (et probablement le double à la fin des travaux ) ce qui en ferait le tramway le plus cher de France pour une utilisation par un nombre très restreints d’Aubagnais, 5000 tout au plus selon les opposants au projet. Les anti-tramway dénoncent aussi le doublonnement des lignes avec celles du réseau de bus et surtout le manque criant de liaisons avec les autres villes du département ce qui en matière de transport collectif serait une hérésie. Du coté des associations de zones d’entreprises en revanche c’est silence radio ou presque sur le sujet. Pas facile il est vrai de prendre position sur le sujet quand certaines d’entre elles sont largement subventionnées par l’agglomération.

Aubagne : dans le top 10 des villes les plus endettées de France 

Aubagne est l'une des 10 villes les plus endettées par habitant de France. Son endettement, 3,5 fois supérieur à la moyenne des Bouches du Rhône dépasse les 2 650 euros par habitant. L'agence Fitch Ratings lui a attribué en 2011 la plus mauvaise note des collectivités locales qu'elle contrôle : « BBB ». "La note pourrait être abaissée si les objectifs en matière de désendettement et d'épargne brute n'étaient pas respectés en raison d'une dérive des dépenses." commente l’agence de notation. Pour autant c’est l’agglo et non la mairie d’Aubagne qui aura à supporter la dépense du tramway, mais les contribuables aubagnais ne décolèrent pas : « on sait que le budget du tramway va exploser, la cour des comptes a publié un rapport qui montre que le cout moyen de ces équipements doit être revu à la hausse en cours de chantier de plus de 90%, ce qui ferait monter l’addition à 300 millions d’euros » commente Dany Menet de l’association des contribuables. A l’heure où les collectivités locales doivent faire des coupes drastiques dans leurs dépenses « le petit train d’Aubagne » risque bien de faire dérailler les finances de l’Agglo.

Thierry Debaille
crédit photo: DR

Les chiffres du Tramway

Le futur tramway d’Aubagne sera financé à 40 % par les subventions publiques, 50 % par les emprunts bancaires, et 10 % via les fonds propres de l’agglomération. Les emprunts contractés par Aubagne sont intégralement financés par le “versement transport” des entreprises, dont le taux est passé  de 1,05 % à 1,8 % de leur masse salariale pour les entreprises de plus de 9 salariés ( soit environ 270 millions d’euros en 2011)
(Source observatoire des subventions)  

• Cout probable des travaux : 300 millions d’euros
  (Source collectif CATA)
• Dette par habitant à Aubagne : 2650 euros
  (Chiffre 2010)
• 15000 signatures recueillies contre le projet
  (Source collectif Mon entreprise Ma ville)
• Cout prévisionnel annuel de fonctionnement : 4 millions d’euros
  (Source association des contribuables)
• 63% des aubagnais favorables au projet
  (Source mairie d’Aubagne)