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Benoît Payan lance une pétition contre la pollution de l’air des navires


Rédigé le Mercredi 20 Juillet 2022 par Nathalie Bureau du Colombier


Le bras de fer entre la nouvelle municipalité de Marseille et le port autour de la croisière a pris une nouvelle tournure ce 19 juillet, le maire Benoît Payan ayant mis en ligne une pétition pour interdire les escales de navires qui polluent le plus.


Il faudra patienter jusqu'en 2025 pour que la Méditerranée soit classée en zone SECA imposant une navigation à 0,1% de soufre. ©NBC
Il faudra patienter jusqu'en 2025 pour que la Méditerranée soit classée en zone SECA imposant une navigation à 0,1% de soufre. ©NBC
Une bronca contre les croisières et plus généralement les navires qui polluent le plus a été lancée par le maire de Marseille Benoît Payan. Sur le site internet de la ville de Marseille, il appelle les habitants à signer une pétition. 
« La Méditerranée est une des mers les plus polluées au monde. C’est une zone de non droit. On suffoque, et en mer Méditerranée et dans nos ports, d'énormes bateaux polluent notre air en toute impunité ! Vous voulez que ça s'arrête ? Moi aussi. Marseillaises, Marseillais, mobilisons-nous ! », dénonce l’édile. Cette prise de position de la municipalité du Printemps Marseillais intervient trois jours après l’interdiction de circuler dans le centre-ville pour les véhicules Crit’Air 4 et 5. 
Quelques heures avant la mise en ligne de cette pétition, Laurent Lhardit, adjoint au maire de Marseille, chargé de l’économie, de l’emploi, du tourisme durable et Congrès, soulignait l’importance des activités maritimes pour l’économie locale tout en dénonçant l’exclusion des activités portuaires de la réglementation sur les zones à faibles émissions dont les premières mesures seront effectives à compter de septembre. 
« Il nous semble difficile de convaincre les habitants de faire des efforts quand la pollution maritime n’est pas concernée par les ZFE. Aujourd’hui, la population est beaucoup plus sensible à la pollution de l’air générée par les activités maritimes car il s’agit d’une question de santé publique », explique-t-il. Au lendemain de l’arrivée du Printemps Marseillais à la Mairie de Marseille, la Ville a quitté le Club de la croisière au bénéfice de relations directes avec Costa Croisières et MSC Croisières. La Ville rappelle qu’en février 2022, lors du Forum des Mondes Méditerranéens à Marseille, Benoît Payan avait réuni 24 maires du pourtour méditerranéen afin de co-signer une tribune pour appeler à l'instauration de normes plus sévères en matière d'émissions polluantes en Méditerranée. Après le passage au 0,5% de soufre au 1er janvier 2020, une nouvelle étape a été franchie au terme d’un long chemin diplomatique, engagé depuis plusieurs années déjà, permettant de parvenir au consensus des 20 pays concernés.

​« Benoît Payan a un an de retard »

« Le maire a un an de retard. Les pays du bassin méditerranéen se sont mis d’accord lors de la Cop 22 à Antalya en décembre dernier. Les discussions sont terminées et le comité environnement de l’Organisation maritime internationale a validé la zone ECA en Méditerranée en juin 2022 », a souligné Alain Mistre, président de l’Union Maritime et Fluviale de Marseille-Fos. « Le projet de zone à émissions de soufre contrôlées (SECA) entrera en vigueur mi-2025 dans la meilleure des hypothèses », précise Michel Ardohain, chef du bureau de la transition écologique des navires.

​« Le maire tient un double discours »

Depuis le 1er janvier 2020, une nouvelle réglementation impose la désulfuration des carburants  à 0,5%. ©NBC
Depuis le 1er janvier 2020, une nouvelle réglementation impose la désulfuration des carburants à 0,5%. ©NBC
Parmi les professionnels concernés par l’activité maritime et la croisière, les porteurs de bagages et les dockers.
« Le maire tient un double discours. D’un côté, il affirme que le port de commerce est le poumon de la ville et de l’autre il dénonce l’activité portuaire comme la première responsable de la pollution de notre ville. Il ferait mieux de s’occuper de la délinquance et des ordures qui nuisent à la bonne image de notre ville », dénonce Ludovic Lomini, secrétaire général CGT des dockers des bassins Est de Marseille. 
Un avis partagé par Jean-Philippe Salducci, président du syndicat des pilotes de Marseille-Fos qui dénonce le déversement des eaux pluviales polluées dans le port. « Faisons un vrai travail pour devenir des citoyens écologiques, ramassons les poubelles avant qu’elles ne partent à la mer. Paris et Lyon ne sont pas des villes portuaires et pourtant, elles sont tout autant polluées », ajoute-t-il tout en rappelant les très nombreux contrôles réalisés chaque année par les Affaires maritimes sur les navires. Depuis quelques années, la croisière est pointée du doigt et malgré les efforts du port et des armateurs, les paquebots sont au cœur des crispations des organisations écologistes. En juin dernier, le tout nouveau collectif « Stop Croisières » avait retardé les escales de paquebots MSC sur le port de Marseille dénonçant une activité de loisirs qui « pollue et consomme de l’énergie ». 
 
 
L’UPE13 réclame un capitaine et une table-ronde 
 
La pétition, une goutte d’eau de trop dans les relations tumultueuses entre la Ville et le port ? Pour l’UPE 13, il est temps que port de Marseille retrouve un capitaine. « Depuis un an, nous attendons la nomination du président du conseil de surveillance du GPMM. L’État doit en urgence nommer une personne du territoire qui connaisse le port. Le maire de Marseille agit de façon dogmatique car il est tiraillé par la majorité municipale », plaide Philippe Korcia. Le président de l’UPE 13, demande « la tenue d’une table-ronde réunissant le port, la mairie, la place portuaire et les acteurs économiques ».     
 
 




Nathalie Bureau du Colombier




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