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Après l’ère « bling bling », Marseille en cure d’austérité


Rédigé le Mercredi 3 Février 2021 par Nathalie Bureau du Colombier


200 000 €, c’est le prix de la transparence financière. La nouvelle équipe municipale a présenté, le 2 février 2021, les conclusions de l’audit confié en octobre dernier au cabinet Deloitte. « L’ancienne municipalité́ nous a laissé́ des caisses vides », fustige Benoît Payan. Fini l’ère du « bling bling », le nouveau maire de Marseille passe à l’austérité, à la « frugalité ». Programme d’économies en vue, arrêt de certaines opérations, renégociation de la dette. Il est en revanche resté très évasif quant à l’évolution de la fiscalité locale pour renflouer les caisses.


Benoît Payan, maire de Marseille. ©NBC
Benoît Payan, maire de Marseille. ©NBC
« L’état des finances est catastrophique. La droite a laissé des caisses vides. Elle a arrêté d’investir. Le rapport souligne le manque d’investissement. Nous devons sortir de cette spirale. Marseille est le bonnet d’âne des grandes villes françaises. Il n’existe pas d’autre exemple de commune aussi mal gérée. Il suffit de regarder les transports, les écoles, le logement », a déploré le 2 février 2021, le maire socialiste Benoît Payan.
Le rapport financier Deloitte sur la gestion de la ville de Marseille de 2014 à 2019, confirme ce que pressentait le successeur de Jean-Claude Gaudin. « Sur 1,5 milliard d’euros du budget 2019, il nous reste à peine 13 millions d’euros. Nous sommes très en dessous du seuil d’alerte. Nous devrions terminer l’année 2020 avec une épargne nette négative », s’alarme l’élu. 

« Arrêter les paillettes pour se concentrer sur l’essentiel »

Joël Canicave, adjoint aux finances à la Ville de Marseille. ©NBC
Joël Canicave, adjoint aux finances à la Ville de Marseille. ©NBC
Et de dénoncer les dérives « somptuaires » de la précédente équipe qui pèsent sur le fonctionnement. « Chaque mois, la Ville dépense 1,5 M€ pour le stade Vélodrome, 300 000 € pour fabriquer la glace de la patinoire de la Capelette », relève Benoît Payan. Durant près de deux heures, le maire a détaillé l’état déplorable des finances publiques. Cela laisse présager une cure d’austérité pour le Printemps Marseillais. 
« Nous allons arrêter les paillettes pour nous concentrer sur l’essentiel, le quotidien, faire des économies ensemble », affirme-t-il, tout en précisant que la crise sanitaire coûte 100 M€. 

Renégocier les dettes

Le rapport d’orientation budgétaire pour 2021 sera dévoilé le 8 février au conseil municipal. Quelques pistes de réduction de la dette ont été révélées avec des renégociations en cours avec la Banque des Territoires, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et la Région Sud. « Sur 200 M€ de projets, 20 M€ sont éligibles dans le cadre du Plan de relance. Il n’est pas la seule porte d’entrée pour des financements », explique l’adjoint aux finances Joël Canicave. La Ville qui envisage d’emprunter différemment se dit confrontée à sa notation pour négocier un bon taux auprès des banques. 
Questionné sur une hausse des impôts locaux, Benoît Payan n’a pas écarté cette hypothèse. « Nous allons tout faire pour l’éviter mais la situation est extrêmement tendue. Avant de faire des choix, j’ai besoin de m’entretenir avec le chef de l'Etat pour connaître notre marge de manœuvre. Si nous ne faisons rien c’est le mur, la Ville sera en état de cessation des paiements », prévient-il. Il n’a pas manqué de rappeler la visite, le 22 janvier dernier, du premier ministre Jean Castex au Havre, avec une enveloppe de 1,4 mds € « un milliard pour la ville et 400 M€ pour le port ».
Dénonçant une ville aux mains des promoteurs et des constructions neuves réalisées « à tort et à travers », Benoît Payan les invite désormais à réhabiliter l’ancien. « Nous comptons 40 000 logements dangereux et 30 000 logements vides. C’est fini l’open bar, le temps où tout était cadeau », lance-t-il promettant d’insuffler un changement de culture à ses 17 500 agents et administrés. 




Nathalie Bureau du Colombier




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