« En 2020, nous faisions 7 millions d’euros de chiffre d’affaires, nous en faisons 27 aujourd’hui », résume Frédéric Tur, directeur général de Caragum, installée dans la commune du Rove, dans les Bouches-du-Rhône. Ces trois ans de croissance fulgurante doivent beaucoup à un positionnement audacieux sur une matière première aussi rare qu’indispensable pour l’industrie des boissons, la résine de pin alimentaire, E445 pour les intimes.
L’histoire de Caragum remonte aux années 1960. Jean-Claude Tur, le père des actuels dirigeants débute alors chez Nexira (ex-Iranex), le leader mondial de la gomme arabique, la résine d’acacia. En 1986, il se lance à son compte dans le négoce d’ingrédients naturels.
« Dans les années 2000, l’activité principale de l’entreprise s’est orientée vers la formulation de systèmes fonctionnels, en associant la gomme arabique à d’autres familles d’hydrocolloïdes, gommes, résines, extraits d’algues, pour créer des gélifiants, texturants et émulsifiants destinés à l’alimentation », explique Frédéric Tur.
La gomme arabique, ingrédient clé des boissons et des confiseries, constitue alors le cœur du savoir-faire de Caragum. « Toutes les grandes majors de l’embouteillage en utilisent », rappelle le dirigeant. Mais il manquait à la PME un élément essentiel pour compléter sa palette technologique : la fameuse résine de pin. En 2014, Caragum rencontre un industriel portugais spécialiste des résines non alimentaires. « Nous lui avons demandé de sourcer les espèces botaniques de pins répertoriées sur près de 120 à 130 espèces botaniques existantes dans le monde. » Cette percée permet à Caragum de proposer une alternative crédible à la seule référence alors disponible, en situation de monopole.
Un fort investissement en R&D et logistique
Entre 2015 et 2018 arrive un tournant décisif. « Nous sommes entrés sur ce marché qui était à ce moment-là largement dominé par un acteur américain qui s’est consacré aux grands comptes tandis que nous avons développé les petits et les moyens clients. Nous avions chacun une moitié du marché. Et en 2021 nous avons pu récupérer la seconde moitié. Cela explique le passage de 7 à 27 millions d’euros de chiffre d’affaires. » Après le 15e arrondissement de Marseille, où l’entreprise est restée installée pendant 20 ans, Caragum a déménagé depuis trois ans et demi sur la commune du Rove. « Nous avons triplé nos surfaces de stockage, de laboratoire R&D et de production. Nous disposons aujourd’hui de 7 000 m² d’installations modernes », reprend Frédéric Tur.
Aujourd’hui, l’entreprise compte 35 collaborateurs et investit fortement dans la R&D et la logistique. « Nous livrons la plupart des fabricants à travers le monde, cela demande une organisation millimétrée. » L’international reste la zone d’expansion de Caragum avec 95 % de ses ventes réalisées hors de France, dans 49 pays. L’Europe arrive en tête, suivie par l’Asie, le Moyen-Orient, l’Amérique du Nord et latine, et l’Australie. « La croissance de notre chiffre d’affaires a suivi celle de nos exportations », constate le dirigeant. La France, qui a longtemps représenté 15 % du chiffre d’affaires, se déploie à nouveau aujourd’hui via une nouvelle division cosmétique, encore 100 % hexagonale. « Quand cette activité sera bien implantée, la part française pourra regagner en importance. »
Caragum vise 50 M€ de chiffre d’affaires à l’horizon 2030 et prépare activement la relève. « La troisième génération est déjà là. Ils suivent les programmes de montée en compétences proposés par la Région Sud et se préparent à reprendre l’entreprise très bientôt pour la faire encore monter en puissance. »








Aménagement - Immobilier



