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​La Cité judiciaire ferait perdre 18,3 M€ aux commerçants du centre de Marseille


Rédigé le Mercredi 19 Avril 2023 par Nathalie Bureau du Colombier


Ce 19 avril, les avocats et les commerçants installés près du Palais de justice de Marseille sont venus en nombre au Palais de la Bourse dénoncer le projet de cité judiciaire. Conduit par le ministère de la justice, il vise à réunir toutes les fonctions de justice en 2028, dans une tour de 40 000 m2 du côté d’Arenc. L’impact de cette décision se chiffre à 18,3 M€ de pertes économiques pour les commerçants.


Ce 19 avril, les avocats et les commerçants installés près du Palais de justice de Marseille sont venus en nombre au Palais de la Bourse dénoncer le projet de cité judiciaire. ©NBC
Ce 19 avril, les avocats et les commerçants installés près du Palais de justice de Marseille sont venus en nombre au Palais de la Bourse dénoncer le projet de cité judiciaire. ©NBC
Si le sujet du déplacement de la justice hors de l’hyper-centre de Marseille alimente depuis quelques années déjà les discours de rentrée solennelle du Barreau de Marseille, cette fois-ci le Bâtonnier Jacquier a lancé, le 19 avril, un véritable cri d’alarme face au calendrier qui se précise. L’État envisage bel et bien de bouter la justice hors du cœur de la cité, le projet devenant concret. « La décision du ministère de la justice devant être prise en juin 2023 pour une ouverture de la cité judiciaire en 2028concomitante avec l’achèvement des baux actuels. Tout ceci est un prétexte car il suffit de renouveler les baux. Qui va remplacer les avocats ? Nous n’avons pas envie de voir le centre-ville dépérir », dénonce maître Mathieu Jacquier dans la salle comble de la CCI Aix-Marseille réunissant des avocats, des commerçants et les présidents des fédérations professionnelles UPE13 et CGPME. 
 

Guillaume Sicard, président de la fédération des commerçants de Marseille centre. ©NBC
Guillaume Sicard, président de la fédération des commerçants de Marseille centre. ©NBC

« Un couteau dans le dos des commerçants »

Si les juges et les greffiers demeurent silencieux sur ce dossier, le transfert suscite une vague d’émotion et d’indignation chez les avocats, leurs salariés et auprès des commerçants qui vivent des dépenses quotidiennes de cette catégorie de population à hauts revenus. « C’est un couteau planté dans le dos que de déplacer cette population en périphérie de Marseille. Nous sommes contre ce déménagement », dénonce Guillaume Sicard, président de la fédération des commerçants de Marseille centre. A moins de 5 m du Palais Monthyon, 580 commerces sont recensés et 1780 dans un périmètre de 10 mn à pied. « Les restaurateurs ont souffert des manifestations des gilets jaunes, du Covid et des conséquences des travaux d’embellissements de la ville. La CCI se bat depuis des années aux côtés des commerçants. Nous dénonçons également la méthode consistant à imposer cette décision sans concertation. Ce projet est un paradoxe quand  la loi Climat et résilience prône la reconstruction de la ville sur la ville et que l’État souhaite parvenir à zéro artificialisation à horizon 2030 », déplore le président de la CCI métropolitaine Aix-Marseille Jean-Luc Chauvin qui préconise de lancer un concours d’architectes.  
 
 

« Pourquoi ne pas valoriser les locaux vacants du centre-ville ? »

Mathieu Jacquier, bâtonnier du barreau de Marseille. ©NBC
Mathieu Jacquier, bâtonnier du barreau de Marseille. ©NBC
« Pourquoi partir ? Pourquoi 40 000 m? Pourquoi ne pas valoriser les locaux vacants du centre-ville ? », questionne le bâtonnier. Il suggère de s’inspirer du modèle toulousain et anversois en confiant à un cabinet d’architecture le soin d’imaginer une cité judiciaire en ville avec une extension neuve adossée à l’actuel Palais de justice.  
Dans un contexte où le taux de vacance commerciale à Marseille atteint les 16% bien, au-dessus des 11% de moyenne nationale, de la paupérisation des centres-villes, les avocats ne comprennent pas cette décision qui risque d’aggraver le phénomène. Professionnels de justice et justiciables contribuent à faire vivre les 180 commerces en périphérie du palais Monthyon.

Si le projet de construction d’une cité judiciaire représente à lui seul un investissement de près de 250 M€, la facture pourrait être plus lourde encore. La CCI a conduit une étude en mars dernier pour évaluer précisément ce que les avocats injectent chaque année dans l’économie locale. Avec leurs salariés, ils rapportent annuellement 18,3 millions d’euros aux commerçants du centre dont 40% dans les dépenses de restauration (7,4 M€), 18% dans les commerces alimentaires, 18% dans les boutiques de vêtement, 10% en culture et création et les reste dans la coiffure, l’esthétique.

 
 




Nathalie Bureau du Colombier

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