Menu

Dans le maritime et l’énergie, des opportunités de partenariats franco-algérien


Rédigé le Jeudi 21 Mars 2024 par Laurie Maneval


Dans un contexte de raffermissement des échanges commerciaux entre la France et l’Algérie, en hausse de 5,71 % en 2023, les dernières Rencontres Algérie, qui se sont tenues début mars à Marseille, Lyon et Paris, ont fait recette avec 624 dirigeants issus des deux rives de la Méditerranée.
Au programme, innovation, décarbonation du maritime et énergies renouvelables.


624 dirigeants issus des deux rives de la Méditerranée ont participé à la 15ème édition des  Rencontres Algérie. ©NBC
624 dirigeants issus des deux rives de la Méditerranée ont participé à la 15ème édition des Rencontres Algérie. ©NBC
La 15e édition des Rencontres Algérie a rassemblé, en présentiel dans le Palais de la Bourse à Marseille et en visio-conférence, 624 dirigeants français et algériens dont 16 grand comptes algériens représentés en France. Ces Rencontres proposent des conférences et des échanges pour s’informer des opportunités d’affaires dans ce pays du Maghreb.
« L’Algérie poursuit son ouverture progressive aux investisseurs internationaux qui souhaitent fabriquer davantage localement pour ne plus dépendre des fournisseurs étrangers pour ses besoins fondamentaux dans l’alimentation, la santé ou les biens de consommation durables. En d'autres termes, prendre part davantage aux chaînes de valeur industrielle en apportant plus de machines et d’outillage (…) », analyse Romain Keraval, directeur du bureau Business France en Algérie. Du 5 au 7 mars, ces rencontres étaient organisées en partenariat avec les CCI Lyon Métropole et Aix-Marseille-Provence, avec le soutien des principales organisations patronales telles que le CREA (Conseil du renouveau économique algérien), le Medef international, ou le réseau Africalink. 

« Nous produisons 80 % de nos besoins en produits pharmaceutiques avec Sanofi qui est très présent en Afrique. Beaucoup d’électroménager SEB est fabriqué en Algérie, les gens ne le savent pas ! Nous croyons que les choses peuvent changer ! », a affirmé, le 7 mars, Kamel Moula, président du CREA dans une salle des séances du palais de la Bourse comble. Des transitaires, chefs d’entreprises des deux rives, étaient présents pour écouter les nombreux experts et les grands patrons présents. 

Les dirigeants de Sonatrach et TotalEnergies ont présenté, à la tribune, leurs stratégies et grands projets de production d’énergies renouvelables. Le groupe énergétique français qui a investi 4 Md€ dans les énergies renouvelables en Algérie a renouvelé l’an passé son partenariat avec Sonatrach pour les 25 prochaines années. « Une centrale photovoltaïque de 120 MW est en cours de construction. Nous travaillons aux côtés de TotalEnergies sur la déperdition de méthane en investissant dans des caméras thermiques. Nous avons passé un protocole d’accord avec l’Allemagne portant sur la production d’hydrogène destiné à l’export », a détaillé Mohamed Seghir Reda Baali, directeur division association, activité exploration et production de Sonatrach. 

« Un corridor vert entre Marseille et l’Algérie »

Pierre-Antoine Villanova, Directeur général de Corsica Linea et Kamel Moula, président du CREA. ©NBC
Pierre-Antoine Villanova, Directeur général de Corsica Linea et Kamel Moula, président du CREA. ©NBC
Les acteurs de l’industrie maritime et portuaire étaient eux aussi au rendez-vous pour évoquer des voies de coopération dans le branchement à quai des navires et des nouveaux carburants. « Sur un million de personnes qui voyagent chaque année entre la France et l’Algérie, 250 000 traversent sur les lignes de Corsica Linea. Nous allons diminuer de 40 % notre empreinte carbone entre 2022 et 2030. Après l’ère des partenariats dans les technologies de l’information, des opportunités s’ouvrent dans le domaine énergétique. L’idéal serait de créer un corridor vert entre Marseille et l’Algérie », suggère le directeur général de Corsica Linea, Pierre- Antoine Villanova. 

L’Algérie, deuxième partenaire commercial de la France en Afrique, abrite de nombreuses entreprises françaises et provençales. Amal Louis, directrice du développement du Grand port maritime de Marseille (GPMM), a rappelé ses liens étroits avec l’Algérie depuis 20 ans pour avoir notamment exploité et dirigé le service Afrique du Nord de Marfret. Elle a insisté sur la nécessité pour le port d’offrir de nouveaux carburants aux armateurs, hub GNL mais aussi e-méthanol sans oublier les corridors ferroviaires et fluviaux. L’Algérie, premier partenaire du port de Marseille, a représenté 7,6 Mt de marchandises en 2022.

Transcargo, Sodexo, NGE, CEVA, CMA CGM…

Sur les 500 entreprises françaises présentes en Algérie, qui "pèsent" 40 000 emplois directs, 22 sociétés sont issues des Bouches-du-Rhône. Ces dernières possèdent une participation directe ou supérieure à 51 % dans des sociétés algériennes (Transcargo, Sodexo, NGE, CEVA, CMA CGM, CIS services, Marfret...) Il fut également largement question de l’agriculture, du machinisme agricole, de la pêche et de l’aquaculture. 

Le nouveau directeur général du MIN, Didier Ostré, a exprimé son souhait d’équilibrer les flux import/export avec l’Algérie. « 
Nous souhaitons étendre notre partenariat avec l’Algérie. Les conteneurs partent chargés de viande et malheureusement ils reviennent à vide », lance-t-il devant un parterre d’hommes d’affaires. « Mieux vaut faire venir des citrons d’Algérie que d’Argentine », renchérit Christian Burle, vice-président de la métropole Aix-Marseille chargé de l’agriculture et président du MIN, Marché Marseille Méditerranée.

De son côté, Moncef Bourkouk, directeur général de Fertimed, société d’ingénierie de conseil chargé d’accompagner les cultivateurs a souligné la montée en puissance de l’agriculture subsaharienne. 

24ème client et fournisseur de la France

« L’Algérie est autosuffisante, les opérateurs ont compris qu’il fallait produire pour l’export et profiter des avantages de la zone de libre échange africaine. Nous sommes en pleine croissance », affirme Moncef Bourkouk. Depuis 2021, l’Algérie s’est dotée d’une stratégie économie bleue dotée d’un budget de 22 M€ pour mettre en œuvre des initiatives à horizon 2030. « La production annuelle de poissons oscille entre 80 000 et 110 000 tonnes. Le MIN de la pêche souhaite passer à 200 000 tonnes en 2030 », affirme Mohamed Haoucine, expert référent Pêche et aquaculture, programme économie bleue.  

10ème client et 2ème fournisseur de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur

L’Algérie est le 24ème client et fournisseur de la France avec 4,5 mds € à l’export et 6,6 milliards € à l’import en 2022. Le pays est le 10ème client de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (810 M€) et le deuxième fournisseur (5 mds €). Le département des Bouches-du-Rhône importe principalement via le port de Marseille du gaz, du pétrole brut et raffiné, des fruits tropicaux et subtropicaux et exporte principalement des matières plastiques, des parfums, des céréales, des oléagineux… L’Algérie est le deuxième marché international après l’Espagne pour les flux de passagers l’Algérie avec 823 642 voyageurs comptabilisés en 2023. Une année marquée par le grand retour de DHL en vol cargo sur l’Algérie au départ de Marseille à raison de cinq vols par semaine après quatre ans d’absence.




Laurie Maneval




Abonnement en ligne
à Businews le Mag