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Préapharm rapproche l’Afrique de la France dans l’accès aux médicaments


Rédigé le Vendredi 12 Janvier 2024 par Jean-Christophe Barla


Hébergée par Marseille Innovation, la start-up Préapharm présidée par Clément Rivalin met en relation des patients en manque de médicaments dans leur pays avec les pharmacies françaises. Sa plateforme Ordolink entre en service.


Clément Rivalin et Sophie Blervaque, cofondateurs, ont été récompensés d'un prix "export" sur la dernière édition d'Emerging Valley.
Clément Rivalin et Sophie Blervaque, cofondateurs, ont été récompensés d'un prix "export" sur la dernière édition d'Emerging Valley.
« Nous voulons garantir à tous les francophones qui souffrent de pathologies chroniques, en particulier en Afrique, un accès équitable aux médicaments en leur donnant la possibilité de se fournir auprès des officines de pharmacie françaises », explique Clément Rivalin, cofondateur (avec Sophie Blervaque et Thierry Sarda) et président de Préapharm. Couvée dans sa pépinière par Marseille Innovation, primée fin novembre lors de l’événement Emerging Valley, la société veut s’imposer en « tiers de confiance » grâce à sa plateforme, Ordolink, dont elle a déjà structuré le concept, les principes et le mode de fonctionnement. « Lorsque le patient obtient sa prescription du médecin, il la dépose sur notre plateforme, nous vérifions que le praticien est bien habilité à prescrire, puis nous la traitons en la transmettant à l’un de nos pharmaciens partenaires », poursuit-il. « Nous communiquons un devis au patient et dès qu’il a réglé, l’expédition de son traitement médical lui est adressé par DHL. Préapharm se rémunère en frais de service sur chaque opération conclue ».

L’idée est née durant la crise sanitaire, elle a été rapidement validée par le fait qu’il n’existait pas d’offre de ce type. Mais ce dispositif recouvrait son lot de complexités. « Nous assurons, par exemple, une veille actualisée sur la liste des médicaments interdits dans chaque pays. Au Congo Brazzaville, il n’est pas question d’importer des contraceptifs. Le Canada interdit à ses ressortissants d’importer sur son territoire des médicaments. Nous nous interdisons aussi de fournir tout ce qui peut être considéré ailleurs comme un stupéfiant, même si c’est un médicament accepté chez nous, en psychiatrie ou en neurologie. Nous respectons les règlementations propres à chaque État et nous prenons soin d’avertir notre interlocuteur si le produit qui lui est prescrit ne pourra pas passer la frontière. Cette attention fait partie de notre plus-value de service », insiste Clément Rivalin en précisant que la mesure concerne aussi les Français expatriés.

Pharmaciens partenaires ou investisseurs

La plateforme Ordolink est opérationnelle depuis quelques semaines.
La plateforme Ordolink est opérationnelle depuis quelques semaines.
Une autre difficulté que rencontre Préapharm, c'est de s’assurer de la bonne équivalence entre des médicaments aux noms différents. Elle s’appuie alors sur le pharmacien. « Il revient ainsi aux fondamentaux de son métier, en cherchant si le produit existe sous une autre dénomination ou s’il lui faut élaborer une combinaison pour proposer les mêmes molécules ». Pour Clément Rivalin, sa société poursuit une mission humanitaire dans ses fondements. « Nous ne visons pas la fourniture de Doliprane ou d’antalgiques. Les personnes qui souffrent de pathologies chroniques (néphropathies, cardiopathies, diabète, insuffisance rénale…) pourront espérer vivre plus longtemps si elles ont la garantie d’être fournies durablement en produits dont elles ont besoin. Tout le monde ne bénéficie pas de la qualité du système de soins français ».

Il admet cependant que sa clientèle potentielle est plutôt dans la catégorie CSP +, apte à payer ses traitements ou à assumer une couverture maladie d’ordre privé. Côté pharmaciens, le dirigeant fait face à 21 000 officines en France, bien réparties. Il entend en convaincre un certain nombre que Préapharm pourrait leur générer « un canal supplémentaire de chiffre d’affaires ». Le pharmacien peut aller jusqu’à s’impliquer financièrement dans le développement de la start-up. Pour l’heure, Préapharm a financé sa R&D et ses premières expérimentations de commandes et de commercialisation tests sur fonds privés, mais prépare une levée de fonds. Employant trois personnes, la jeune pousse vise les 120 000 clients réguliers d’ici trois ans. « Il nous faudra alors entre 500 et 700 officines pour absorber les flux », précise Clément Rivalin, déterminé à parvenir demain à un système de traitement des données entièrement automatisé.




Jean-Christophe Barla




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